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La muse amusée.

20 novembre 2011

Les souris dansent.

Je connais un couple. Elle est infirmière, il est journaliste. Des gens respectables. Intelligents. Aimés. Et dans l'ensemble, je dois avouer que je les aime bien. Ils ont deux filles. L'une a 9 ans, l'autre 6. C'est rigolo, comme l'une a la tête en l'air et l'autre fait bien le poirier. Les petites se disputent souvent, elles sont trop différentes. Je crois qu'elles se reprochent mutuellement d'être chacune le miroir déformé (déformant ?) de l'autre. Mais elles sont mignonnes. Oui, c'est une famille charmante. Ils mangent des tellines du marché tous les jeudi, et se brossent les dents à huit heures et demi.

Une nuit, le couple a eu un soucis. La grande-qui-n'est-pas-si-grande s'est mise à pleurer sans raison. Elle ne voulait pas dormir dans son lit de princesse. Pas ce soir. Alors la Dame et le Monsieur lui ont posé des questions. Ils ont cherché à comprendre le message codé des yeux de la muette. L'enfant a versé quelques verres de larmes diluées dans du lait. Le public fut patient, il parait. Ils ont attendu le rappel pour connaitre la cause de tant d'humidité.

En y réfléchissant, l'Homme et la Femme ne voyaient pas. La soirée avait été agréable. Ils avaient joué aux cartes avec des amis, autour d'un pastis. Enfin, quand je dis "ils", je pense aux adultes. Les enfants, eux, étaient à l'étage. Et, comme tous les enfants, ils ont organisé leur soirée parallèle. Invisibles. Les souris dansent. Et puis les amis avaient pris leurs gosses et leur volant, et étaient rentrés chez eux. Pipi, lunettes, au lit, maman avait dit.

Sauf que voilà. La grande fille était inconsolable. Elle a emboîté tous les mots de l'école, dans tous les sens, dans sa tête. Comme une vieille presse à imprimer. Mais ça ne fonctionnait pas. Aujourd'hui, je lui offre l'encre qui lui manquait. Et les feuilles aussi, par centaines. Pour vous raconter ce qu'elle a eu tant de mal à formuler. Cette nuit. Face au couple aimant.

Un garçon. Plus grand que la grande elle-même. Pire. Le garçon. Celui qui avait disparu dans la voiture des amis, deux heures plus tôt. Leur fils. Un enfant.

Je connais deux enfants. Elle est timide, il est étrange. Ils sont plusieurs à se chamailler pour savoir à quoi on va jouer. Lui, c'est le plus grand, et comme ils ne connaissent encore rien à la politique, c'est lui qui doit trancher. Plus tard, ils apprendront que ce sont les petits qui passent devant, normalement. Il choisit un jeu qui ne colle pas au décor. La grande se rend bien compte qu'il y a une cloche dans la matrice. Elle le sent dans son ventre. Plus tard, elle comprendra que la cloche ce n'était pas elle, et que ce qui crie dans le ventre ne doit jamais être tu. Trop tard. La voilà allongée sur son lit de princesse, avec un goret en guise de prince qui lui sert de baldaquin remuant. La grande est un peu lente, Maman le dit tout le temps. "Presse-toi". Et donc, elle n'a pas le temps de comprendre les règles que déjà on la sacre gagnante. C'est très simple tu verras. Ferme la porte derrière toi. Elle est jolie ta jupe. Baisse ta culotte. Assieds-toi là. Ne bouge pas. Enfin si, bouge. Fais c'que j'te dis.

C'est très bizarre cette histoire. La grande sait que ce n'est pas propre. Elle a vu ça dans les BD de Papa, celles qu'elle n'avait pas le droit de regarder, mais qu'elle a lues quand même. Elle aime lire, la grande. Elle comprend mieux, dans les pages. Mais là, elle ne comprend pas. C'est très bizarre cette histoire. Il y a des doigts boudinés qui se promènent dans les plis de ses vêtements. Elle se dit qu'elle est conne. Elle se reprend pour le gros-mot. Les minutes sont longues, elle a envie de vomir. Elle sent que le garçon a quelque chose de dur dans la poche du pantalon. Et puis il est gros. Il s'essoufle. Il l'étouffe. Enfin, il se calme. Se relève.

"Embrasse-moi.
- Je veux pas.
- Pourquoi tu pleures ?
- Je pleure pas.
- Tu diras rien ?
- Non."

Même les putes elles embrassent pas.

 

La grande n'a pas tenu sa promesse. Ses parents l'ont fait à sa place. Un coup de fil et on coupe la corde. Plus tard, elle fera un noeud pour se pendre, la fille. Mais ce soir, la Dame et le Monsieur ont sauvé les apparences. Ce sont des gens respectables. Et intelligents. Et aimés. On n'en parlera plus jamais, entre les crustacés et le dentifrice. Une vie.

 

Je connais un couple. Et une chose est sûre.
Je ne ferai jamais la même erreur qu'eux.

Je n'ignorerai jamais.

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7 novembre 2011

Le monstre de fer.

"Tu m'as manqué dès l'instant où tu as lâché cette main qui n'aspirait qu'à se fondre dans la tienne."

Pour la première fois j'ai détourné le regard. Quand ton front collé à la vitre s'est mélangé aux autres fronts des autres vitres, quand je n'ai plus su distinguer ton nez parmi les nez. J'ai fait demi tour et j'ai marché, couru, traîné - peut-être rampé ? - jusqu'au parvis bondé. La Tour Montparnasse, épée noire, s'est chargée d'engloutir les dernières miettes de rêve dans ma gorge. J'ai pleuré comme une conne. Tu filais. J'ai repensé à ce geste désespéré (donc) absurde, en guise d'au revoir. L'enfant a colorié les doigts de la femme, en rouge. Et marqué le train qui t'emportait, comme pour t'accompagner et le maudire à la fois. Comme une sorcière naïve dont le sort aurait ricoché sur la ferraille.

J'ai pleuré comme une conne.

Assez longtemps pour me saouler avec mes larmes.

7 novembre 2011

Ecrits vains.

Un écrivain est un fou qui écrit des lettres aux inconnus.

7 novembre 2011

Je crois que j'ai frôlé la folie.

A ta question silencieuse je réponds que mes yeux n'ont cessé de danser, au rythme de tes mains voltigeuses. Une heure ou presque, à épouser les volutes de tes doigts enchantés qui bousculent les particules de soleil perdues dans l'appartement poussiéreux. Tu écris le monde et captures les secondes quand je daigne écarter douloureusement les paupières. En réalité, la seule chose qui ne sera jamais assez grande, chez toi, c'est ta capacité à imaginer ce qui me traverse dans ces moments-là.

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